Cette fois ça y est, nous quittons définitivement la région du Gobi pour celle de l’Altaï. Pour cela, nous empruntons la route du Sud qui relie les villes de Bayan-Khongor et d’Altaï. Les paysages sont encore très arides, mais après quelques heures de piste, la verdure fait petit à petit son apparition, ainsi que de petites rivières. Au beau milieu d’une piste, nous apercevons deux motards arrêtés. Vu leur équipement, il ne s’agit pas de locaux. Nous nous approchons pour les saluer, et nous apercevons que c’est le couple de Bulgares que nous avions rencontré à Ulan-Bator. Quelle surprise de les croiser ici! Nous n’avons pas du tout prévu le même circuit, il est donc complètement improbable de les revoir, et c’est après un long moment de discussion que nous reprenons la route en direction d’Uliastaï, où nous bivouaquons au bord de la rivière. Cela fait du bien de pouvoir se rafraîchir, mais c’est Flash qui est de loin le plus heureux, nous nous sommes bien rendus compte que le désert n’était pas son univers de prédilection!

Le jour suivant, nous arrivons assez tôt à Khar Nuur, ce qui nous laisse le loisir de profiter d’un longue soirée de détente au bord de ce lac encerclé par les montagnes et les dunes, même si nous ne nous baignons pas (nous somme quand même à 2000 m d’altitude et l’eau est un peu fraîche!). Ce lieu est absolument magique et les contrastes de couleurs entre le lac, les montagnes et les dunes sont saisissants.

La nuit sera moins calme que la soirée puisqu’une fois de plus, le vent se lève, mais cette fois la pluie est de la partie. C’est donc sous un ciel très couvert que nous prenons la route dès notre réveil. La piste que nous empruntons nous fait gravir des montagnes qui culminent à 2800 m, jusqu’à une magnifique arche de pierre. Seul problème, nous nous retrouvons vite sous la pluie et en plein brouillard et il n’est pas aisé de trouver la piste pour redescendre. Mais une fois revenus dans la vallée, le ciel se découvre. C’est à cet instant qu’un berger à cheval nous interpelle. Nous nous arrêtons et passons un moment à essayer de parler avec lui, mais la communication est assez limitée puisque, comme la plupart des gens en Mongolie (mis à part les jeunes des villes), il ne parle que Mongol. Qu’importe, il ne doit pas croiser grand monde par ici et semble content d’avoir un peu de compagnie humaine!

Notre prochaine étape est l’une des fameuses sources Mukhard situées au beau milieu des dunes. Après avoir navigué au cap pendant plusieurs kilomètres et emprunté une piste non répertoriée sur aucun de nos GPS, nous tombons enfin sur les dunes qui abritent la source. Qui aurait cru trouver un tel endroit ici! Dans le creux de quelques dunes serpente une rivière au bord de laquelle pousse de l’herbe bien grasse où paissent tranquillement quelques vaches, observées par des vautours qui attendent patiemment en haut des dunes. Ce spectacle est tout simplement époustoufflant et nous restons un long moment à contempler cet endroit avant de descendre à la rivière pour jouer dans l’eau avec Flash.

La piste pour Urgamal nous donne un peu plus de fil à retordre. En effet, aujourd’hui au menu, c’est tôle ondulée en entrée, en plat et en dessert, et nous sommes bien contents quand sonne l’heure de s’arrêter au bord d’un cours d’eau!
Nous commençons à prendre des habitudes mongoles: arrivés à Ulanghom, nous allons directement au bord de la rivière pour profiter du soleil. Cela est très classique ici. Dès qu’ils ont un moment de libre ou un jour de congé, les Mongols campent ou passent la journée en famille au bord des lacs et des rivières.

La journée suivante, nous passons beaucoup de temps à identifier un bruit inhabituel et assez inquiétant. La tôle ondulée a en fait simplement eu raison des vis de fixation du ski de protection de boite de vitesse. Nous les resserrons et reprenons notre route jusqu’au lac d’Achit Nuur, où nous installons notre bivouac à côté de rochers en granit rose que nous escaladons avec joie. Il nous reste encore pas mal de temps avant la fin de notre visa, après une bonne nuit de sommeil, nous prenons donc le temps de glandouiller au bord du lac et de profiter de la vue.

Arrivés à Olgii, ville majoritairement Kazakhe, nous nous installons à la Traveler’s Guesthouse, où nous sommes très bien reçus par Nazgul, la propriétaire. Au marché noir, nous sommes accueillis avec des « Salam Alikoum » et des hommes parlant russe, ce qui change radicalement du reste du pays. Dans certains endroits de la ville, on se croirait plus au Maghreb qu’en Mongolie !

Une fois installés dans notre yourte, un grand rangement et nettoyage de la voiture s’impose. Flash perd ses poils et avec la poussière accumulée le long de toutes ces pistes (et malgré un ménage presque quotidien), l’intérieur de la voiture est vraiment dans un état lamentable !

Nous laissons aussi passer la pluie, car le tour de l’Altaï qui nous attend est assez déconseillé par mauvais temps.
Le soleil revenu, nous partons pour Menkhan et atterrissons dans un restaurant où un homme nous traduit le menu et nous aide à choisir nos plats. Ce soir ce sera du poulet très bien cuisiné. Un vrai régal.

Reprenant la voiture, nous nous rendons compte que la ventilation, les veilleuses, les feux de brouillard ainsi que les phares arrière et le rétroéclairage du tableau de bord ne fonctionnent plus. Panique à bord, nous inspectons la voiture sans comprendre ce qu’il se passe. Après un rapide coup de fil à Dream Team Car, nous vérifions les câbles qui partent de la batterie, et trouvons un câble sectionné. Encore un coup de la tôle ondulée ! Nouveau câble, cosses, gaine thermo, et oh miracle, tout remarche ! Repus et soulagés, nous pouvons enfin aller nous coucher.

La suite de notre périple nous mène à Mankhkhairkhan, petite ville isolée dans l’Altaï. La piste est supposée longer la rivière, mais avec l’eau des fontes et les récentes pluie, le cours d’eau est tellement gonflé que nous nous retrouvons à longer la rivière… dans la rivière. Nous avancons sans savoir si nous pourrons continuer plus loin ou s’il nous faudra faire demi-tour, mais nous y allons. Fab’ part reconnaître tous les passages à pied et finit une ou deux fois dans l’eau jusqu’au T-shirt. Et vu ses cris, l’eau a l’air plutôt fraiche! Les premiers passages étaient assez stressants mais au bout de quelques dizaines de minutes, nous nous rendons compte que notre fidèle 80′ est tout à fait à l’aise dans l’eau et nous détendons (enfin surtout moi, qui était assez angoissée au début !).

Une longue journée se termine, nous atteignons enfin Menkhkhairkhan, où nous nous installons (pour changer) au bord de la rivière. Quelques minutes après notre arrivée, trois hommes nous accostent et s’assoient devant notre voiture avec une bouteille de vodka. L’invitation est lancée, et nous restons plusieurs heures à essayer de discuter et à partager bière et vodka. Heureusement, leur bouteille n’était pas pleine car elle était vraiment mauvaise et il nous est impossible de refuser le verre tendu !

Le lendemain matin, le soleil est au rendez-vous, la décision de continuer sur la piste est donc rapidement prise. Nous montons à 2700 m, où la pluie nous rattrape. Le terrain gorgé d’eau devient vite un champ de boue impraticable. Par chance, notre dromadaire préféré sait aussi très bien s’y prendre dans la boue et nous sort plus d’une fois de mauvais pas.

Le dernier col à 3000 m passé, nous nous engageons dans une étroite gorge au fond de laquelle coule une rivière. La beauté de ce lieu nous fait vite oublier nos récentes émotions.

Puis la vallée s’élargit et le soleil fait son apparition.

Nous avons bien fait de ne pas renoncer à cette partie de l’Altaï à cause du mauvais temps. Même si nous n’avons pas pu prendre beaucoup de photos, les paysages sont à couper le souffle et le décor dans lequel nous arrivons en vaut cent fois la peine. C’est donc ici que nous dormirons ce soir, bien fatigués de cette éprouvante journée.

La fin de notre visa approchant, nous repartons à contrecœur de ce lieu magique et remontons à Olgii en passant par le lac Tolbo et ses splendides montagnes.

Après une nuit à la Traveler’s Guesthouse et le démontage d’une partie de l’aménagement de la voiture pour se débarrasser d’un bruit insupportable, il est désormais temps pour nous de quitter le pays pour nous rendre au Kazakhstan, en repassant par la Russie.

Ce qui nous a marqué en Mongolie:

– ce pays est définitivement LE pays du Land Cruiser. Une fois passé Ulan-Bator et ses milliers de Toyota Prius, notre 80′ passe inapercu,. On pourrait croire que c’est une des seules voitures en vente ici, mais en fait le Japon envoie tous les Land Cruisers invendus en Mongolie, Russie et plus généralement en Asie Centrale. C’est pour cette raison qu’ils sont aussi nombreux et que la plupart ont le volant à droite. Il faut aussi dire que vu les pistes du pays, c’est bien l’un des véhicules, avec les 4×4 et minibus UAZ (marque russe) qui est le plus adapté.

– la gentillesse des gens partout où nous allons. Même si les Mongols ne viennent pas forcément spontanément parler aux étrangers, nous avons toujours droit à des « Hello! » ou des sourires. La plupart nous dévisage aussi, car dans les épiceries des petits villages, ils ne doivent pas souvent croiser d’étrangers.

– les vestiges de l’URSS: on trouve encore dans tout le pays de nombreux bâtiments industriels tombés à l’abandon depuis la chute de l’URSS.

– le sentiment de liberté qui semble régner dans le pays. La Mongolie ne compte presque pas de barrières, ce qui change de chez nous où tout est clôturé, voire barricadé. Ici, tant que le terrain le permet, nous pouvons aller où bon nous semble. Les animaux vivent en totale liberté, même en ville, où il n’est pas rare de croiser vaches, chevaux ou chèvres qui déambulent tout naturellement dans les rues.

– la phrase que nous avons le plus répété pendant ces quelques semaines (bon, en fait, c’est surtout moi qui passe mes journées à dire ça): « Oh regarde comme c’est beau ! ». Les paysages nous ont réellement marqués par leur beauté: le désert, les montagnes de toutes les couleurs: du rouge au vert en passant par le jaune et le bleu; les contrastes entre les différents types de roches; les prairies verdoyantes au milieu de montagnes hostiles à l’homme, les paysages sont à couper le souffle.

– la tradition qui côtoie encore la modernité, mais pour combien de temps? Les jeunes portent tous les même vêtements que nous, seuls les plus vieux portent encore les tenues traditionnelles. La plupart des bergers ne garde plus leur troupeau à cheval mais à moto (à mon grand regret!). Niveau technologie, beaucoup de yourtes ont un panneau solaire et une parabole satellite, la 3G est présente dans les villages les plus reculés du pays (autant dire que de ce côté là, on ne leur arrive pas à la cheville en France !). Les routes goudronnées font leur apparition, même si la grande majorité des axes routiers sont encore des pistes. La Mongolie tend à se moderniser assez rapidement, avec les aspects positifs et négatifs que cela engendre.

– la solitude ressentie au milieu de cette immensité. Bien que dans la plupart des régions, les yourtes des nomades ne soient jamais loin, pour apprécier la Mongolie, il faut définitivement aimer les grands espaces désertiques pour profiter pleinement du voyage, et nous tenons à remercier Cécile Miramont et Laurent Bendel pour leurs précieux conseils sur ce magnifique pays.

_Laure