De retour en Russie

Une centaine de kilomètres après Olgii, nous arrivons au poste frontière où nous quitterons la Mongolie. Quelques tampons sur les passeports, une rapide vérification de la voiture et nous voilà repartis. Les deux postes de douane sont éloignés de plusieurs kilomètres, nous roulons donc une dizaine de minutes dans le no man’s land avant d’atteindre la frontière russe. Cette fois, les formalités sont bien plus rapides qu’à notre dernier passage. Une demi-heure et nous sommes en Russie après un rapide contrôle de la voiture mais aucune réelle fouille. Dommage, cette fois ils auraient pu contrôler notre boite de médicaments sans que nous ayons de problème!

Cela fait plaisir de pouvoir communiquer avec les gens, même si pour l’instant il ne s’agit que de douaniers, et de retrouver des panneaux que nous comprenons à peu près. Un papier donné par les douaniers russes nous informe que la zone de Kosh-Agash est une zone où la peste bubonique (communément appelée peste noire) est naturellement présente (elle est transmise par les puces des marmottes, souris et autres animaux sauvages). Malgré tout, dès notre arrivée dans la ville de Kosh-Agach, nous nous ruons dans une stolovaya et retrouvons avec joie pelmini et autres plats russes, mais nous ne nous attardons pas dans ce district car aucun de nous n’est vacciné et nous ne tenons pas particulièrement à attraper cette maladie! Notre bivouac se fera donc bien plus loin, dans un cadre magnifique.

Le lendemain, les paysages montagneux laissent place à la plaine, nous roulons jusqu’à un tout petit poste frontière afin de nous rendre au Kazakhstan. Nous souhaitons éviter le douane de Semei et ses heures d’attente. Quelques kilomètres avant la douane, la route se transforme en piste boueuse, où même les russes que nous croisons s’étonnent de l’état de cette piste et nous demandent s’ils sont sur la bonne route.

Cette fois encore, le passage de la frontière se fera sans encombre, en moins d’une heure et demie. Que ce soit du côté russe ou kazakh, les douaniers sont détendus et plaisantent même avec nous. Arrivés au Kazakhstan, nous nous apercevons que les douaniers russes étaient tellement détendus qu’ils n’ont même pas récupéré le document d’importation du véhicule, théoriquement indispensable pour quitter le pays! Donc officiellement le 80 n’a jamais quitté la Russie.. quid de la prochaine entrée dans le pays ?

 

Le Kazakhstan

Peu importe, nous continuons notre route en direction d’Astana, où nous arrivons après une nuit à Pavlodar. C’est pratique, ici tout le monde parle russe, et même beaucoup parlent anglais, ce qui change considérablement de la Mongolie.
La ville d’Astana contraste fortement avec ce que nous avons vu jusqu’à présent. Construite grâce à l’argent provenant des matières premières du pays (majoritairement le pétrole), la nouvelle capitale a misé sur une architecture ultra-moderne, voire futuriste. Le centre-ville regorge de buildings tous plus clinquants les uns que les autres. Cependant, les ingénieurs de la ville n’ont apparemment pas pensé à l’évacuation de l’eau de pluie dans les rues. Après quelques averses, les rues se transforment en piscine géante, et les grands boulevards n’ont rien à envier aux pires water crossing que nous ayons passé en Mongolie!

1200 km séparent Astana d’Almaty, l’ancienne capitale. Il nous faudra deux jours pour faire le trajet, majoritairement sur des routes en piteux état, ou bien de nouvelles routes en travaux où il est souvent impossible de rouler à plus de 60 km/h. Les paysages verdoyants du Nord font place à des plaines un peu plus arides, mais toujours aussi plates. Il n’y a donc aucune colline ou montagne dans ce pays?! Après plus de 8h de route assez éreintantes, nous nous arrêtons dormir au bord du lac Balkach. Mais à 2h du matin, Flash gratte à l’échelle car il est en train de se faire dévorer par les moustiques. Impossible de le faire dormir dans la voiture avec les vitres fermées (dès que les fenêtres sont entrouvertes, des dizaines de moustiques s’infiltrent dans la voiture et il fait beaucoup trop chaud avec les vitres fermées), nous reprenons donc la route vers 3h du matin. Fab’ prend le volant et s’arrête 2h plus tard, toujours au bord du même lac (oui, il semblerait que dans cette région du monde, tous les lacs font au minimum 50 km de long!). Petite compensation, nous avons droit à un joli lever de soleil sur le lac avant d’aller nous recoucher quelques heures.

En approchant d’Almaty, nous apercevons les montagnes qui séparent le Kazakhstan du Kirghizistan. Bientôt nous serons là-bas! Nous arrivons en ville à 22h, heureusement la personne qui nous loue son logement nous attend pour nous donner les clés, et nous nous installons dans cet appartement au sein d’une résidence arborée datant de l’époque soviétique.

Le lendemain matin, nous partons à la recherche d’un relais pour les plein-phares, puisque le nôtre a grillé. Cela ne s’avère pas très compliqué: nous allons à Car-city, un immense bazar où on trouve absolument tout pour les voitures, de la moindre pièce mécanique aux gadgets les plus inutiles. Nous venons de trouver le paradis de Fab’, et j’hésite presque à le laisser ici! Nous faisons aussi la rencontre d’un jeune Kazakh qui a habité trois ans à Nancy et parle un français impeccable. Sa première question : est ce que nous avons eu des problèmes avec la police ? En effet, le Kazakhstan est très réputé pour la corruption de ses forces de l’ordre, mais durant tout notre séjour ici, nous ne nous somme fait contrôler que trois fois, sans aucune tentative de racket de leur part. Il semble que le pays soit donc en train de changer grâce aux directives du gouvernement pour encourager le tourisme. Il nous informe aussi que depuis l’élection du nouveau président Ouzbek, la corruption policière a aussi fortement diminué et que nous ne devrions pas rencontrer trop de problèmes là-bas (c’est le pays que nous redoutons le plus au niveau des contrôles policiers et du racket).

Dimanche 1er juillet, il fait beau et chaud à Almaty, nous partons donc explorer les montagnes qui surplombent la ville et nous rendons au Bolshoye Almatinskoye (le grand lac d’Almaty). La pluie ne tarde pas à arriver, mais cela n’empêche aucunement les Kazakhs de camper et pique-niquer partout dans la montagne. Il semble que, comme en Mongolie, ils aiment profiter de la nature environnante lors de leurs jours de congé.

Le lundi est consacré aux vidanges de boites, ponts, et moteur. Nous avons choisi le centre Liqui-Moly, réputé pour son sérieux et ses très bonnes huiles allemandes. La propreté de l’atelier est impressionnante et les techniciens connaissent parfaitement leur métier. Nous découvrons encore une fois que l’huile du pont avant est très noire (contrairement aux boites et pont arrière) : un roulement est sans doute un peu grippé et fait surchauffer l’huile, mais nous attendrons notre retour pour régler ce problème. Le 80′ est maintenant prêt à partir à l’assaut des montagnes kirghizes!

Pendant ces quelques jours de pause, nous écumons aussi les excellents restaurants dont la ville regorge. Sushis, côte de bœuf, spécialités ouzbèkes et kazakhes, nous faisons le plein de bon petits plats avant de reprendre la route.

Pour notre dernier jour, nous profitons d’un rayon de soleil pour visiter cette ville aux allures très soviétiques et le soir venu, nous retrouvons nos amis australiens qui viennent d’arriver, et que nous recroiserons sûrement dans les prochains pays. Il est maintenant temps de quitter le Kazakhstan pour le prochain pays, vivement attendu: le Kirghizistan.

La route est bonne jusqu’à la frontière de Kara-Su, nous arrivons donc au poste de douane en début d’après-midi. Le passage des deux frontières se fait en à peine 40 minutes: notre record! Aucune fouille, aux deux postes de contrôle ils se contentent d’admirer le 80′ et Flash!

 

Le Kirghizistan

Nous voici donc en Kirghizie. À nous les treks et la haute-montagne! Mais pour l’instant, nous nous rendons à Bishkek, où nous atterrissons à « Ultimate Adventure », une guesthouse tenue par un Français où l’ambiance est très conviviale. C’est aussi une agence de trekking et de formation de guides de montagne, ils sont donc de très bon conseil pour la préparation de notre itinéraire. Nous profitons aussi d’une bonne connexion internet pour demander nos visas pour le Tadjikistan.

Petite anecdote : au Kazakhstan comme au Kirghizistan, le chanvre pousse partout sans que personne n’y prête attention..

Lors d’une promenade en ville, un Australien nous interpelle. Craig est féru de 80′ (et c’est peu de le dire, il connait TOUT sur ce véhicule!) et nous passons un bon moment à discuter avec lui et son amie Nur, une Kirghize vivant à Bishkek. Nous décidons vite de nous retrouver le soir pour poursuivre nos discussions autour d’une bière fraîche. Quelques minutes plus tard, nous recevons un message de deux Hongrois : ils arrivent du Tadjikistan en 80′ et ont vu notre voiture et le sticker WeOverland, nous les invitons donc à se joindre à nous.

Mais avant de se détendre autour d’une bière, il nous faut nous concentrer sur un problème plus sérieux : la clim ne fonctionne plus depuis quelques jours, et Flash risque de mal supporter les 43° attendus dans les prochains jours ! Après de longues recherches, il s’avère que c’est simplement le bouton qui ne fonctionne plus (aucun courant électrique n’arrive au relais du compresseur). Nous shuntons alors le circuit en le connectant à l’arrivée électrique du GPS (isolée par un interrupteur et un fusible), et hop, problème (temporairement) réglé! Il ne faudra pas s’étonner s’il fait froid dans la voiture lorsque nous essayons d’allumer le GPS (heureusement nous avons une autre prise pour le GPS et pourrons le brancher ailleurs en cas de besoin) !

Ce souci en moins, nous pouvons rejoindre nos nouveaux amis. Mais c’est sans compter sur la police! Nous empruntons une rue qui est en sens unique entre 19h et 7h (nous l’avions prise en pleine journée et n’avons pas fait attention qu’ils était déjà 20h), et quelques secondes plus tard (ou plutôt trop tard!) nous apercevons la police nous retrouvons arrêtés sur le bord de la route. Fab’ fait mine de ne rien comprendre mais ils finissent par écrire « Bankomat » et « 1000 som » sur la vitre de la voiture. Fab’ leur demande alors un reçu, qu’ils ne peuvent apparemment pas nous fournir (visiblement le montant ne devait pas être très officiel !) et ils nous laissent repartir sans la moindre amende, et avec un grand sourire. Nous sommes maintenant en retard et filons retrouver nos nouvelles connaissances. La soirée se prolonge jusqu’à tard dans la nuit avec de passionnantes discussions sur la Kirghizie et les pays alentours, et surtout sur les Land Cruiser. La passion des australiens pour les 4×4 n’est vraiment pas une légende!

Pour notre dernier jour à Bishkek, nous devons trouver une tente pour nos futurs treks. Ce n’est pas chose facile, et nous devrons réessayer demain, juste avant de partir pour Karakol, le point de départ de notre premier trek. Mais pour l’heure, après encore une arrestation par la police (cette fois c’était mon tour, mais nous nous en sommes encore sortis sans amende !), il est temps d’aller voir le match France-Uruguay chez Nur, notre amie Kirghize.

_Laure