Notre court séjour à Kochkor est fini, notre descente dans le Sud du Kirghizistan commence. Nous nous engageons dans une jolie vallée non loin de la ville. Une petite piste bien caillouteuse nous permet de nous rapprocher du lac Kol’u’kok, situé à 3200 m. Après un passage à gué assez délicat, la piste se rétrécit. Il est encore possible de continuer mais si un orage éclate, nous ne pourrons peut-être plus traverser la rivière et passer les dévers qui la bordent. Nous prenons donc la décision de rebrousser chemin et posons le camp à 2500 m.

Le lendemain matin, quelques heures de marche nous offrent une splendide vue sur la vallée, puis sur le lac. Cette fois, pas de trop gros efforts : seulement 700 m de dénivelé positif et quatre heures de marche, et surtout, pas de tremblement pour Flash ! Une bonne journée, bien que nous ayons eu quelques gouttes de pluie.

Le lendemain, n’ayant pas prévu assez d’essence pour aller à Son-Kol puis à Naryn, nous poussons jusqu’à Naryn pour fair le plein. Arrivés en ville, nous tombons sur une voiture française que nous avions déjà vue à Bishkek, mais sans croiser ses propriétaires. Cette fois, nous nous arrêtons et les attendons. Il s’agit de Renaud et Yvanne, qui viennent de récupérer le Toy’ de Renaud, laissé quelques années auparavant au Kirghizistan après sa traversée Paris-Magadan. Nous déjeunons ensemble puis reprenons notre route pour Son-Kol.

Sur la piste qui mène au lac, nous rencontrons Célia, une jeune Française qui fait le tour du pays à moto. Nous nous installons tous les trois au bord du lac et attaquons notre dernier saucisson lorsque Renaud et Yvanne font leur apparition. C’est sans doute l’appel du saucisson qui les a fait arriver ! Nous passons une excellente soirée en compagnie de ces trois baroudeurs et découvrons le parcours de chacun à travers de passionnantes discussions. Plusieurs voyages en solo pour Célia; la traversée Paris-Magadan en hiver et de multiples voyages aussi fous les uns que les autres pour Renaud; un parcours de vie incroyable pour Yvanne dans les nombreux pays où elle a habité.

La soirée se termine bien tard avec l’extinction du feu de camp. Et oui, nous sommes à 3000 m et les nuits sont fraîches donc nous nous réfugions bien vite dans nos duvets.

La matinée se déroule comme la soirée mais cette fois autour d’un copieux petit-déjeuner, jusqu’à ce que chacun reprenne la route de son côté. Nous, nous partons en direction de Osh.

Le second soir, nous nous arrêtons bivouaquer au bord d’une petite rivière.

Chacun vaque à ses occupations (baignade puis écriture pour moi et traitement des photos pour Fab), lorsqu’un homme traverse la rivière en voiture et s’arrête à notre niveau. Il nous demande ce que nous pensons du Kirghizistan, puis, quelques secondes plus tard, il siffle et crie quelques mots à l’un de ses amis qui habite plus haut sur la colline. Une minute passe et l’ami en question descend avec un énorme plat de Manti, ces raviolis kirghizes. L’homme nous les donne en nous souhaitant bon appétit et remonte dans sa voiture, nous laissant là, penauds avec notre plat tout chaud dans les mains. Nous savions que les Kirghizes étaient accueillants mais à ce point ! Nous sommes tous les jours un peu plus impressionnés par leur gentillesse totalement désintéressée.

Plus tard dans la soirée, nous apercevons une « jolie petite » araignée grosse comme ma main à quelques mètres de la voiture, ainsi qu’une trace de patte d’ours… Finalement Flash dormira dans la voiture ce soir !

Une fois arrivés à Osh, nous atterrissons par hasard à la Tes Guesthouse. A l’heure actuelle c’est une immense chantier mais le jardin, et surtout les véhicules garés là nous donnent immédiatement envie de nous y installer.

Nous sympathisons vite avec tout le groupe déjà présent. Ils se connaissent tous puisqu’ils ont traversé le Pakistan et la Chine ensemble. Voici une rapide présentation de tous ces personnages hauts en couleur :

– une équipe de sept Tchèques, surnommés les « Crazy guys ». En effet, ils font un film pour la télévision tchèque et voyagent du Sud de l’Inde à la Tchéquie en Traban, vieille Fiat 500 et autres véhicules du genre. Un équipage bien déjanté qui met tout le monde de bonne humeur dès le matin ! Voici le lien vers leur page Facebook : https://www.facebook.com/TransTrabant/

– Rob, un Anglais qui a acheté et retapé un vieux Defender en Australie et qui le ramène en Angleterre (en faisant quelques détours bien sûr).

– Sarah et Mario. Mario a vécu au Pakistan pendant quelques temps et a acheté un van Volkswagen qui servait d’ambulance. Il l’a entièrement retapé et aménagé pour le ramener dans son pays d’origine, l’Allemagne. Sarah l’a rejoint au Pakistan pour l’accompagner dans ce périple. Voici le lien vers leur page Facebook : https://www.facebook.com/KombiDiaries/

– Charlotte et Thomas, une Française et un Belge qui travaillaient au Népal et ont décidé d’acheter les motos anglaises mythiques de là-bas : des Royal Enfields. Eux aussi rentrent en Europe au guidon de leurs bolides. Enfin, quand ceux-ci sont disposés à démarrer !  Voici le lien vers leur page Facebook : https://www.facebook.com/theroyals.ct/

– Léa, Paul et leur fils Luk. Eux sont partis d’Allemagne un an et demi auparavant avec leur Fiat Ducato et ont déjà traversé des dizaines de pays. Ils voyagent au gré de leurs envies donc pas de retour prévu pour l’instant !

Une fois installés à la guesthouse, nous nous sommes immédiatement sentis à la maison et avons trouvé une bonne bande de copains, qui nous feront rester plus d’une semaine à Osh, au lieu des deux jours initialement prévus !

Le matin du deuxième jour, Paul, qui (comme tous les autres ici) a beaucoup de problèmes avec son véhicule, part au garage. Il revient à 19h avec l’équipe de mécanos et les deux managers, qui nous invitent tous au restaurant chinois. Ni une ni deux, nous montons à 11 dans leur voiture et filons au restaurant, où ils nous font goûter aux meilleurs plats, et surtout au Cognac kirghize. Qui a eu l’idée de dire qu’il ne connaissait pas le cognac d’ici ? Personne ne s’en souvient après les trois bouteilles qui arrivent immédiatement sur la table et se vident « à la russe » ! Une fois revenus à la guesthouse, les Tchèques nous attendent avec leur guitare et la soirée se termine, encore une fois, bien tard !

Les jours suivants, la chaleur est telle que dès le réveil, nous filons au café (climatisé) et y passons la matinée, avant de rentrer « à la maison » attendre (à l’ombre) l’heure de lancer le barbecue. C’est aussi le bon moment pour faire l’entretien et les réparations nécessaires de tous les véhicules ici présents (et pour la plupart de nos amis, il y a du boulot !), et pour nous de voir si notre frein à main est réparable. Un rapide passage au garage et nous nous retrouvons avec un bout du câble dans les mains « en souvenir »… C’est donc pour ça qu’il ne marche plus très bien ! Ils n’ont pas de quoi le réparer ici, donc ca attendra notre retour en France.

Tous les véhicules ici ont un problème avec leur pompe à essence, dû à la très mauvaise qualité de l’essence chinoise. Nous n’avons pas traversé les même pays qu’eux mais dans le doute, nous effectuons les vidanges d’huile moteur et de liquide de refroidissement et changeons les filtres à huile et à gas-oil.

Nous profitons aussi d’être à Osh pour aller nous balader dans la ville et passer au fameux bazar, où l’on trouve absolument tout : nourriture, vêtements et tissus, gadgets en tout genre, etc…

Après quatres jours de « vacances entre amis », il est temps pour nous de dire au revoir à la plupart des gens car nous partons pour le lac de Sary-Chelek, à quelques heures de route de Osh.

La route jusqu’au lac se fait sans encombre avec de jolis paysages traversés mais il nous faut quand même dormir sur la route. En effet, le temps de dire au revoir à tout le monde et d’aller boire un dernier café au Brio, nous sommes partis assez tard.

Arrivés au lac après avoir payé l’entrée dans le parc national, grosse déception. Le lac est certes très joli, mais il y a du monde partout, impossible de poser la voiture au bord de l’eau. Nous nous installons donc à côté d’un tout petit lac non loin de là, mais nous avons à peine le temps de faire cuire la côte de bœuf qu’un homme à cheval arrive et nous demande de partir. Apparemment nous sommes chez lui…

La côte de bœuf engloutie, nous redescendons donc et nous installons en dehors du parc, le long d’une rivière où jouent des enfants. Une dizaine de minutes après notre arrivée, un voiture s’arrête et un jeune couple en sort. La jeune femme nous explique qu’elle aimerait parler Anglais avec nous, ils nous invitent donc à dîner chez eux. Chose improbable en Europe mais tout à fait normale ici.

Lorsque nous arrivons chez eux une heure plus tard, toute la famille nous attend avec impatience.

La table est vite dressée pour nous : pain, beurre, beurre noir (un genre de beurre rance), confiture, thé, concombres et tomates, tout y est. Enfin c’est ce que nous pensions jusqu’à ce qu’ils nous apportent fièrement la tête du mouton tué la veille. Nos têtes circonspectes les font rire et ils nous font goûter à la langue et à différents morceaux. Nous ne saurons jamais exactement ce que nous avons mangé mais c’est très bien comme ça !

Le enfants, eux, se posent moins de questions et dévorent la mâchoire du mouton comme une friandise. Puis l’os devient rapidement un pistolet pour jouer.

Grâce aux quelques mots d’Anglais que connait Nargiza et à notre Russe très approximatif, nous arrivons à discuter de nos modes de vie très différents. Par exemple, ici les parents sont pris en charge par le plus jeune fils de la famille, en l’occurrence Chyrak, son mari. Cela ne doit pas être évident puisque sa maman a la colonne vertébrale cassée et ne peut ni marcher ni même s’asseoir, elle est donc entièrement dépendante d’eux. Chyrak (22 ans) et Nargiza (19 ans), se sont mariés un an plus tôt et ont une petite fille de 2 mois. Lui est équarrisseur et elle souhaiterait aller à l’université pour devenir professeur d’Anglais. C’est pour cela qu’ils tenaient tant à nous inviter. Nous espérons qu’elle pourra reprendre ses études et réaliser son rêve malgré les responsabilités qui lui incombent.

La table débarrassée, nous passons plus de deux heures à discuter et à jouer avec les enfants, qui ont l’air d’apprécier les ballons, les cahiers et crayons que nous leur avons apportés. Nous nous apprêtons à leur faire nos adieux lorsqu’ils nous invitent à nous rasseoir car le dîner est prêt. Arrivent alors deux énormes plats de vermicelles et de… devinez… et oui ! encore et toujours du mouton ! Mais celui-ci est très bien préparé et nous nous régalons. Après le dîner et encore de nombreuses discussions, un bras de fer entre Fab’ et Chyrak, et beaucoup de rires, il est temps pour nous de retourner à la voiture pour dormir.

Le soir suivant, nous sommes de retour à Osh où nous retrouvons Paul, Léa et Luk, ainsi que Charlotte et Thomas, qui reviennent tout juste de Bishkek où ils ont essayé en vain de trouver des pièces pour réparer leurs motos.

Etant tous les deux un peu malades après notre festin de mouton, nous passons encore deux jours à la guesthouse histoire de nous remettre en forme. Thomas et Charlotte ont déjà pris la route pour le Tadjikistan, Paul et Léa viennent de récupérer la maman de Léa à l’aéroport, il est temps pour tout le monde de se dire au revoir et de poursuivre son voyage.

Nous sommes tristes de quitter le Kirghizistan, qui est un véritable coup de cœur pour nous deux, mais nous avons hâte de nous attaquer à la fameuse Pamir Highway et de découvrir les paysages tadjiks. La voiture est chargée, nous passerons encore une nuit au Kirghizistan et demain nous entrerons au Tadjikistan pour la suite de nos aventures !

_Laure