Après cette semaine de vacances en Europe, il est temps de rallier le vrai point de départ de notre raid : Irkoutsk, à proximité du lac Baïkal.

Pour cela, il nous faut traverser une grande partie de la Russie, et rouler quelques 5200 km plein Est. Nous ne nous attarderons pas à visiter les quelques villes qui sont sur le trajet car une fois passé Moscou et ses embouteillages, les villes se ressemblent sensiblement et n’ont, à notre humble avis, pas d’intérêt majeur (mis à part quelques villages hauts en couleurs).

 

 

Quelques centaines de kilomètres après Moscou, les paysages typiques de la taïga font leur apparition, et deviennent rapidement monotones: de grands champs d’herbe jaunie par l’hiver et une terre très noire, le tout parsemé de quelques bosquets de bouleaux, et pas mal de marécages le long de la route. Ici il n’est pas aisé de trouver des endroits où bivouaquer sans être à la vue de tous et surtout, à l’abri du vent, qui souffle parfois à décorner le 80′!

 

 

Nous profitons d’un bivouac pour effectuer la vidange. C’est beaucoup moins cher que chez nous (environ 20€ les 10 litres d’huile) et très pratique car ici, on peut déposer les bidons d’huile usagée dans n’importe quelle station-service (elle resservira sans doute pour un vieux camion russe!).

 

 

Au troisième jour de route, la traversée de l’Oural égaye notre journée, ses forêts et ses routes de montagne nous changent des paysages des 1500 derniers kilomètres.

 

 

Fabien nous trouve un lac où bivouaquer dans le parc naturel de Zioratkul, au bord du lac du même nom (« kul » signifie « lac » en Tatar). Le lac est encore en grande partie gelé, et nous ne regrettons pas d’avoir emporté nos duvets bien chauds car dans les montagnes de l’Oural, les températures tombent vite en dessous de 0 une fois le soleil disparu derrière les montagnes.

 

 

Jour 5, toujours sur la route, pas de risque de se perdre, c’est toujours tout droit. Les indications du gps « tourner à droite dans 250 km » nous font sourire mais au fond, nous en avons déjà assez de cette route! Nous nous arrêtons à Omsk où nous louons un appartement pour la nuit. Ce n’est certes pas le moyen le plus économique de voyager mais pour l’instant, cela nous permet de rouler jusqu’à tard dans la soirée, au lieu de commencer à chercher un lieu de bivouac à 17h. Et nous souhaitons arriver à Irkoutsk le plus vite possible! Dans la ville d’Omsk, nous nous ravitaillons en nourriture, croquettes pour Flash, etc… et décidons de goûter du poisson séché, une barquette parmi tant d’autres dans cet immense rayon poissonnerie. Mauvaise idée, c’est beaucoup trop salé et fort en goût, nos palais français ne sont vraiment pas habitués à ça. Notre première tentative de nourriture sibérienne est un échec!

Concernant l’essence, il n’est pas non plus compliqué de se ravitailler, on trouve des stations-service tous les 3 km, même si certaines restent assez spartiates. Le prix du litre de gasoil passe parfois sous la barre des 50 cents, la note est beaucoup moins salée qu’en France!

 

 

Les jours suivants, le paysage se transforme peu à peu et nous passons de la taïga à de la forêt à perte de vue. Sur le moment nous sommes ravis, mais après 1000 km de forêt, notre lassitude a repris le dessus! Cependant nous avons de la chance, la route s’améliore, le bitume est assez roulant, même si nous traversons de nombreuses zones de travaux qui secouent la voiture dans tous les sens. Mais cela nous permet de remarquer des bruits à l’intérieur du véhicule. Fab’ passe une bonne partie du septième jour à la recherche du bruit et à son élimination. Nous nous arrêtons aussi très souvent afin de laisser passer le Transsibérien qui recoupe maintes fois notre route.

 

 

Un dernier bivouac et nous serons à Irkoutsk! Pour fêter ça, nous nous arrêtons au bord du lac de Buliushkina et allumons un feu, qui ne fera jamais de grandes flammes puisque le bouleau, ça ne brûle pas, et qu’il n’y a que ça ici… Espérons que nous trouvions un autre bois à brûler pour nos prochaines soirées!

 

 

Huitième et dernier jour sur cette transsibérienne, nous arrivons enfin à Irkoutsk. C’est le week-end, le temps est magnifique, allez, on file au Baïkal!

 

 

Ce qui nous a marqué lors de cette traversée:

  • Malgré ce que nous avions lu dans de nombreux récits de voyage, les Sibériens que nous avons rencontrés ne nous étaient aucunement hostiles, et même assez bienveillants. A chaque fois que nous avons eu des problèmes de communication avec quelqu’un, les gens autour de nous nous ont aidés à nous faire comprendre, non sans, bien évidemment, se moquer gentiment!
  • Nous nous attendions à nous faire contrôler sans arrêt par la Police et à notre grande surprise, nous avons eu droit à un seul contrôle des papiers (qui s’est déroulé sans la moindre animosité de leur part) malgré leur omniprésence sur les routes et à tous les coins de rue.
  • Pour continuer avec les forces de l’ordre, elles sont effectivement partout, mais nous avons trouvé à de nombreuses reprises de fausses voitures de police installées sur le bord de la route. Il s’agit en fait de simples panneaux de la forme d’une voiture de police qui ont pour mission de faire ralentir les automobilistes. De nombreux radars sont aussi présents, dont la plupart sont gardés par des civils. Comme en France, il faut donc se méfier lorsque que l’on voit un véhicule arrêté sur le bord de la route!
  • Les files interminables de camions entre Moscou et Omsk. Le trafic se décharge un peu après, mais les grands voyageurs de la Transsibérienne sont sans conteste les camionneurs.
  • La conduite sportive des Russes. Les distances de sécurité et de dépassement ne sont clairement pas les même que chez nous! Mais on s’habitue en quelques jours, et après 1000 km, nous non plus ne faisons plus la distinction entre les lignes blanches et les pointillés, de toute façon, il n’y a pas toujours de signalisation au sol, et il est souvent plus dangereux de doubler lorsque c’est autorisé!
  • La bienveillance des routiers, qui nous signalent à quel moment nous pouvons doubler et qui se mettent toujours sur la droite afin de nous permettre de dépasser sans danger.
  • L’écologie, qui n’est clairement pas encore au centre de leurs préoccupations. Les bords de routes sont jonchés d’ordures et les fumées noires rejetées par les industries pétrolières ne nous donnent pas très envie de nous attarder dans le coin. Cela contraste avec Moscou, où les rues sont perpétuellement nettoyées. Mais en se rapprochant d’Irkoutsk, nous avons vu beaucoup de gens nettoyer le bord des routes et les rues. Il semble y avoir une véritable prise de conscience, les choses devraient donc aller en s’améliorant.
  • La rapidité du changement de climat. Surtout à l’Est de la Sibérie, le temps peut passer du grand beau à la tempête de neige en quelques minutes.
  • Les nombreux oiseaux sauvages que nous avons vus dans le ciel: des cygnes et des oies en pleine migration, et même un pélican, qui s’était sans doute perdu dans cette immensité (et oui, un pélican, promis nous n’avions pas bu la moindre goutte de vodka!)
  • Dans l’ensemble, à part la pénibilité de la route et la monotonie des paysages, nous ne gardons pas un mauvais souvenir de cette traversée de 8 jours, qui nous aura permis de nous familiariser avec les Russes et leur immense pays, et surtout d’apprécier d’autant plus notre arrivée à Irkoutsk!

_Laure