Il est 6h du matin le 25 février lorsque nous quittons la maison. Une longue journée de route nous attend jusqu’à Almeria où nous prendrons le ferry pour Nador. Plusieurs compagnies proposent des traversées au départ de la France ou de l’Espagne, mais nous avons opté pour la compagnie 100% Mediterranea au départ d’Almeria car il est plus rapide et moins coûteux de traverser l’Espagne en voiture que d’embarquer à Sète.
Nous nous relayons toutes les 3 heures et arrivons à Murcie où nous nous arrêtons boire un verre de vin (vraiment pas bon!) avant de poser le bivouac a quelques kilomètres de la ville. Le lendemain il ne nous restera que deux heures de route pour arriver au port. Déjà 1.600 km parcourus…
Cinq heures plus tard, nous accostons au port de Nador après avoir fait tamponner nos passeports et récupéré notre « numéro de police », qui sera contrôlé plusieurs fois pendant notre périple. Quelques formalités douanières plus tard (importation temporaire du 80, contrôle du véhicule,…), il est 20h, nous engloutissons un kebab (bien meilleur qu’en France !) et partons à la recherche d’un endroit où dormir, ce qui nous conduira jusqu’au sud de Taourirt. Demain, l’aventure commence enfin !
Nous allons suivre les Road Books 15, 16 et 17 de Vibraction. Nous utilisons donc le format papier ainsi que les points GPS.
OziExplorer installé sur notre tablette Samsung nous sera d’une grande utilité pour nous orienter et naviguer au quotidien. Point important : lors de notre prochain périple nous embarquerons un second GPS (juste au cas ou..).
Pour notre premier jour, nous attaquons par le plateau du Rekkam, à 1500m d’altitude, accessible par une petite route à flanc de montagne dans les hauteurs de Debdou.
De là haut, une vaste étendue désertique s’offre alors à nous, sans le moindre arbre ni buisson à l’horizon.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, nous abaissons la pression des pneus à 1.7 bar et nous engageons sur la piste qui nous mènera à Tissaf. C’est le début d’une longue série de gonflage/dégonflage de nos pneus, nécessaire à améliorer traction et confort en fonction des terrains rencontrés.
Personne à l’horizon si ce n’est quelques chevaux et troupeaux de moutons ou de chèvres accompagnés de leurs bergers.
Plusieurs heures sont nécessaires pour nous frayer un chemin dans ce désert où les oueds asséchés nous barrent la route.
Nous comprenons alors que ce voyage ne va pas être de tout repos ! Lors d’une petite pause pour essayer de retrouver la piste, un berger nous interpelle et nous propose gentiment de venir boire le thé. Il vit là, au milieu de nulle part, avec sa femme et sa fille, qui nous préparent du pop-corn et une galette de semoule à tremper dans de l’huile d’olive. C’est le ventre bien rempli que nous reprenons la route !
Il se fait tard, tant pis nous n’aurons pas le temps d’aller à Tinghir aujourd’hui, nous nous installons donc dans les hauteurs de Tissaf, dont nous pouvons apercevoir le minaret. Nous évitons au maximum de rouler en off-road après la nuit tombée .
Qui dit minaret, dit prière, et donc réveil à 5h à l’appel du muezzin, du moins pour moi puisque Fab’ dort paisiblement et n’entend rien! Au moins, nous nous levons tôt et prenons la route de bonne heure.
Nous profitons de la présence d’eau dans l’Oued Ziz pour refaire le plein d’eau. Le filtre à eau « Survivor » que nous avons acquis récemment nous permet de pomper de l’eau n’importe où et de la rendre potable (il contient 3 filtres très efficaces qui débarrassent l’eau de 99,5% des bactéries), nous sommes donc à peu près sûrs de ne pas manquer d’eau pendant nos voyages.
Direction Tamtatoucht et les gorges du Todhra, une magnifique route au pied de gorges de 300 mètres de haut où nous apercevons des grimpeurs et leur guide. Dommage que nous n’ayons pas pris nos affaires de grimpe!
Nous bivouaquons dans les hauteurs du village et assistons à un splendide coucher de soleil face aux montagnes.
Réveil à 7h, départ à 8 après une bonne infusion citron/gingembre/miel, il est temps de partir pour Merzouga après le check matinal de notre 80 (niveaux de tous les fluides, pressions des pneus, rien d’anormal au niveau mécanique…).
Sur la route, nous apercevons des monticules de terre. Un homme, Bachir, nous arrête et nous invite à visiter d’immenses canaux d’irrigation du XIe siècle.
Pression des pneus à 1.5 bar, et c’est parti pour le sable ! Nous croisons la route d’Hassan qui nous propose de nous emmener dans les dunes le lendemain matin afin d’apprendre à conduire notre 80 dans le sable. D’ici là nous traçons la route sur la tôle ondulée : nous avons alors le choix entre rouler à moins de 30km/h ou au dessus de 70 afin de ne pas trop ressentir les secousses et de moins abîmer le véhicule. Ayant opté pour la vitesse, le 80 décolle au sommet d’une bosse et atterri assez lourdement dans le sable. Fab’ grogne un peu : rien de cassé, pas de bruit suspect, nous repartons ! N’oublions pas que le pont avant est l’un des points faibles du 80, surtout que nous sommes assez chargés (avec les réservoirs pleins, nous pesons tout de même 3.3 tonnes!)
Arrivés à Merzouga le ventre vide, nous nous jetons sur un tajine et une omelette berbère vue sur les dunes, avant de rejoindre l’Erg Chebbi à dos de dromadaire. Un peu de sport ne nous fera pas de mal, nous laissons les dromadaires en bas de la plus haute dune et attaquons son ascension. 300m de dénivelé dans le sable, mine de rien, ça fatigue, mais la vue du sommet en vaut largement la peine : l’Erg Chebbi, les montagnes algériennes, le désert noir…
Après une nuit réparatrice dans un riyad au pied des dunes, nous rejoignons Ismael, le frère de Hassan, qui sera notre guide dans les dunes, et nous apprendra à y conduire. Après un premier essai à 1,5b et plusieurs échecs, nous descendons à 1,1 bar afin d’améliorer notre portance dans le sable déjà bien chaud à 9h du matin.. Nous éviterons de descendre plus bas afin de ne pas déjanter.
Quelques tankages plus tard, ça y est, nous avons compris le truc (3e ou 4e courte, et toujours dans les tours pour conserver de la puissance) et évoluons relativement aisément dans cet immense bac à sable. Si vous avez besoin d’un guide dans cette région du Maroc, n’hésitez pas à nous demander le numéro de Hassan ou de son frère, ils sont très sympas et professionnels.
Midi ! Pour nous c’est l’heure de prendre la route pour Zagora. Ismael nous informe des difficultés qui nous attendent et nous laisse à la sortie de la ville. C’est parti pour 2 jours de piste, de traversées d’oueds et de lacs asséchés, de regs (le désert noir) et de fech-fech (zones de sable très fin où il vaut mieux ne pas s’arrêter). D’ailleurs, nous nous arrêtons pour aider des locaux bloqués avec leur pick-up (les chèvres sur le toit ça pèse son poids !). Nous comprenons rapidement à l’odeur qu’ils n’ont plus d’embrayage. Première utilisation de notre treuil : il nous faudra quelques minutes pour les treuiller jusqu’à une zone plus portante. De notre coté, nous reprenons tranquillement notre cap dans le fech-fech au milieu des herbes à chameau.
Les heures passent, le soleil descend, c’est l’heure du bivouac en plein désert avec un bon repas et une bonne bouteille de vin.
On se croirait presque à la maison, sauf que le jardin est un peu plus grand ici !
Vendredi, nous traversons de multiples paysages, tous aussi beaux les uns que les autres et comprenons pourquoi on appelle le Maroc le pays aux 1000 couleurs !
Quelques heures de piste cassante, de tôle ondulée et un petit bout de bitume, nous arrivons dans la palmeraie de Zagora. De la végétation et des chants d’oiseaux, c’est agréable après 3 jours dans le désert ! Soirée détente chez des amis aux « Jardins du Drâa », un écrin de verdure au milieu de la palmeraie, où nous buvons un excellent thé à la menthe préparé par Mohamed et dégustons un délicieux tajine de bœuf. N’hésitez pas à faire un tour sur www.riad-zagora.com ou leur TripAdvisor.
Nos aventures se poursuivront dès le lendemain puisque nous partons pour Tata : oueds, dunettes, jardinage et navigation au cap en perspective !
_Laure
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